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Au Malawi, les chefs religieux donnent trois mois au président pour remanier le gouvernement

Le président du comité exécutif du PAC, Mons. Patrick Thawale, lors de leur réunion du mardi 18 janvier avec le Président Lazarus McCarthy Chakwera. Le président du comité exécutif du PAC, Mons. Patrick Thawale, lors de leur réunion du mardi 18 janvier avec le Président Lazarus McCarthy Chakwera.

Les dirigeants de divers groupes religieux du Malawi, par le biais de leur organisation faîtière, le Comité des affaires publiques (PAC), ont donné au président Lazarus McCarthy Chakwera trois mois pour remanier son cabinet.

Dans un discours prononcé par le Président du Comité exécutif du PAC, Mons. Patrick Thawale, lors de leur réunion du mardi 18 janvier avec le président Chakwera, les leaders ont exhorté le chef de l'État malawite à nommer un nouveau cabinet, notant que le cabinet actuel semblait être "un spectateur dans son style de leadership".

Soulignant certains des postes qui, selon eux, doivent être changés au sein du Cabinet, les leaders religieux, qui comprennent des représentants des évêques catholiques, ont déclaré : "Votre Excellence, remaniez le Cabinet et nommez un secrétaire compétent auprès du Président et du Cabinet. Envisagez également des changements au sein du ministère des Affaires étrangères, car il semble y avoir des problèmes de réputation."

Dans le discours prononcé par Mons. Thawale, qui était auparavant administrateur diocésain de l'archidiocèse catholique de Lilongwe au Malawi, les chefs religieux ont ajouté : "En fait, le Cabinet actuel semble être un spectateur dans son style de leadership."

Les membres du PAC ont fait référence aux appels lancés précédemment pour que le Président présente un nouveau Cabinet, en disant : "Nous demandons gentiment à Votre Excellence d'envisager un remaniement du Cabinet dans les 3 mois. La patience du public est à bout."

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Le président Chakwera a été critiqué pour ne pas avoir tenu ses promesses de remanier son cabinet, jugé inefficace, et de pourvoir les postes vacants au sein de l'organe directeur du pays.

Dans le discours obtenu par ACI Afrique le mercredi 19 janvier, les chefs religieux du Malawi ont félicité l'administration Chakwera pour son ouverture au dialogue et ont appelé à la mise en œuvre de ce qui avait déjà été convenu dans l'engagement du président avec le peuple.

"Votre Excellence, bien que ... nous ayons apprécié votre politique d'ouverture au dialogue avec nous et d'autres, cela ne doit pas être interprété comme si le PAC allait continuer à dialoguer sans que des actions soient entreprises", disent les chefs religieux.

Ils ajoutent : "Lors de la précédente réunion d'interface, le remaniement ministériel a été discuté. Nous avons noté que Votre Excellence, vous vous êtes engagé à remanier le Cabinet d'ici la fin de l'année 2020. Nous avons cru religieusement que cet engagement se traduirait par une action à cet égard. Malgré notre réunion d'interface avec vous, rien ne s'est produit à ce jour. Cela continue à éroder la confiance qui vous a été accordée".

Selon les chefs religieux, un bon nombre de fonctionnaires du Cabinet du Malawi "manquent de sérieux et d'influence".

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Les dirigeants appellent à la nomination de personnes influentes du secteur privé pour occuper des sièges au Cabinet, en déclarant : "C'est le moment où ceux qui occupent des rôles légitimes dans l'arène économique auraient dû être en première ligne pour traduire et expliquer les mesures visant à atténuer les difficultés économiques. Leur silence est suffisamment fort".

En plus de leur appel renouvelé pour le remaniement ministériel, les membres du PAC ont souligné les difficultés économiques du Malawi, qui, selon eux, doivent être atténuées, la corruption ainsi que le népotisme, qui, selon eux, sont manifestes en commençant par la présidence.

En ce qui concerne les difficultés économiques du Malawi, les chefs religieux ont souligné que le gouvernement manquait de direction pour atténuer les effets de la pandémie de COVID-19 qui, selon eux, a exacerbé les niveaux de pauvreté dans le pays.

"Avec tout le respect dû aux explications sur l'impact de la pandémie COVID-19 et ses implications sur l'économie Votre Excellence, l'opinion publique semble suggérer que l'administration manque de direction sur l'atténuation des difficultés économiques", ont déclaré les chefs religieux.

"Nous pensons que, dans ce domaine, les ministères compétents qui ont une influence sur le développement économique devraient être agressifs dans leur communication avec le public. Il semble qu'ils se soient éloignés de leur rôle légitime", ont-ils déclaré, avant d'ajouter. "Votre Excellence pourrait envisager d'emballer correctement les informations sur l'économie à transmettre au public, et les ministres de votre Cabinet devraient être en première ligne pour défendre et justifier le statut économique."

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Les chefs religieux ont critiqué le président Chakwera pour l'embauche de ses proches au sein du gouvernement, notant que cette décision avait "dilué" le statut moral du président.

"Il nous semble que les préoccupations du public en matière de népotisme continuent de croître avec les informations selon lesquelles votre fille a pris ses fonctions à l'ambassade du Royaume-Uni. Le fait que votre beau-fils soit à la fois assistant personnel et directeur des communications complique la situation", ont noté les chefs religieux.

Ils ont ajouté, en référence à la fille et au gendre du président, "Même si ces fonctionnaires ont des compétences, nous sommes au Malawi, Votre Excellence ; le public ne vous fera jamais confiance, surtout que ceux qui participent à ce prétendu népotisme font partie du bureau de la présidence. Votre statut moral se dilue."

Le président malawite a également été mis en garde contre l'utilisation d'une justice sélective dans le traitement des accusations de corruption au sein de son Cabinet, ajoutant que certains ministres du Cabinet qui ont été trouvés dans des scandales de corruption dans le pays ont été traités avec une tape sur la main tandis que d'autres ont été lourdement réprimandés.

Les chefs religieux ont exhorté le président Chakwera à agir rapidement pour redorer son image en tant que chef d'État, en déclarant : "La confiance en Votre Excellence a été érodée si rapidement en raison de votre approche de la prise de décision."

Ils ont également exprimé leur optimisme à l'égard du président malawite, affirmant qu'il était exceptionnel dans sa façon d'encourager l'ouverture et le dialogue.

"Votre Excellence, vous êtes unique dans le sens où vous êtes le premier dirigeant dans cette position qui nous a demandé d'être franc et honnête avec vous dans notre exercice de dialogue", ont déclaré les membres du PAC, et ont ajouté : "Une telle vertu n'est pas commune parmi les dirigeants."