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Un évêque catholique au Cameroun supprime six "congrégations" dans son diocèse et en expulse les membres

Mgr Bibi Michael Mgr Bibi Michael

L'évêque du diocèse de Buea, au Cameroun, a "supprimé sans exception" six "congrégations" qui se faisaient passer pour des instituts de droit diocésain et qui ne pouvaient plus opérer dans son siège épiscopal.

Dans sa lettre pastorale du mercredi 16 février, Mgr Michael Bibi donne un ultimatum de six jours aux membres des Fils missionnaires de Saint-Pierre, des Petits Fils de l'Eucharistie, des Fils missionnaires de Saint-Mulumba, des Filles de la Passion Sacrée, de Mater Domini et des Filles de Marie Mère de Jésus Eucharistique.

Faisant référence aux six "congrégations", Mgr Bibi déclare : "Les associations susmentionnées sont sans exception supprimées et ne peuvent plus fonctionner dans le diocèse de Buea."

"Les membres de ces associations ont jusqu'au 22 février au plus tard pour quitter le diocèse de Buea", précise l'évêque catholique camerounais à propos des membres des six "nouvelles 'congrégations' qui étaient arrivées dans le diocèse (toutes en provenance du Nigeria)."

Il explique : "Dans leurs constitutions, par exemple, ces associations se désignent comme des instituts de vie apostolique dont les membres prononcent les trois vœux publics d'obéissance, de pauvreté et de chasteté. Ironiquement, il n'y a pas un seul document de mon prédécesseur dans lequel il s'adresse à l'une de ces entités sous ce titre."

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Il ajoute que l'évêque émérite du diocèse de Buea "se réfère invariablement et explicitement à ces associations de fidèles laïcs du Christ avec l'intention de devenir un institut religieux."

"Il n'y a pas eu de décret de mon prédécesseur élevant ces associations au statut d'institut religieux, ni de processus engagé dans ce sens. Ainsi, le fait de désigner leurs membres comme des religieux, avec des étapes d'incorporation commençant par le pré-noviciat, le noviciat et la profession religieuse, était incompatible avec leurs états", divulgue encore Mgr Bibi.

Il ajoute, en se référant au canon 579 : "Il est tout à fait clair que l'évêque Emmanuel Bushu, sous la tutelle et le tutorat duquel ces associations exerçaient leur apostolat, n'avait pas encore accordé à ces entités le statut d'instituts de vie consacrée ; cela n'aurait absolument pas pu se produire sans le respect de la loi".

Dans sa lettre pastorale de sept pages datée du 16 février, l'Ordinaire local de Buea qualifie de vagues et de confus les statuts des associations qu'il vient de supprimer ainsi que le processus de recrutement et de formation des candidats à la vie religieuse et à la prêtrise.

Faisant référence aux six associations, Mgr Bibi déclare : "Notre étude des dossiers respectifs révèle que leurs statuts sont tellement vagues et confus qu'en dernière analyse, il est impossible de dire ce que sont ces associations."

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Bien que les constitutions de certaines des associations mentionnent "une sorte de formation intellectuelle en vue du sacerdoce", dit Mgr Bibi, aucune des "congrégations" ne dit quoi que ce soit "de plus concret sur la manière dont cela devait se faire, en commençant tout d'abord par les conditions d'admission."

"De sérieuses questions sont soulevées lorsque des candidats sont admis aux ordres sans remplir les conditions requises pour leur ordination valide et légale", déclare l'évêque camerounais, et poursuit : "Il n'y a pas de documents dans les dossiers montrant la preuve que la plupart de ces candidats avaient reçu la formation appropriée au séminaire et à l'université en vue du sacerdoce."

L'absence des dossiers concernant la formation des candidats à la vie religieuse et à la prêtrise, dit Mgr Bibi, "soulève des doutes légitimes sur l'aptitude des candidats et la licéité de leur ordination."

"Il est donc clair que certaines personnes appartenant aux différentes associations ont été admises clandestinement dans les associations et se sont vu offrir le sacrement de l'ordre sans tenir compte des normes universelles, ni se référer à toutes ces personnes, par exemple, le recteur des séminaires, les pasteurs des paroisses et les communautés chrétiennes, qui, de droit, ont une contribution à apporter concernant l'aptitude des candidats aux ordres sacrés", dit-il.

L'évêque catholique divulgue en outre que certains membres de l'association des Fils Missionnaires de Saint Pierre ont commis une "fraude à l'ordination" en soudoyant le supérieur général afin d'être ordonnés.

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Il illustre : "Exprimant leur mécontentement sur la façon dont les choses se sont passées, certains membres de l'association des Fils Missionnaires de Saint Pierre ont écrit au sujet de la "fraude d'ordination" que "avec l'approbation des diacres de l'association pour la procession vers l'ordre presbytéral, le Révérend Père Peter Mary Omini Okoi, en tant que supérieur, a trompé l'évêque, en retirant cinq des noms approuvés et en les remplaçant par des personnes auprès desquelles il avait collecté d'énormes sommes d'argent, qui ne sont pas membres de l'association".

"Cela témoigne de la fraude, de la tromperie et de la simonie pratiquées par certaines de ces associations, dont mon prédécesseur n'était peut-être pas conscient, et qui l'ont amené, en tant que saint pasteur, à ordonner des personnes qu'il ne connaissait pas personnellement", déclare Mgr Bibi, ajoutant que "cela pourrait être la raison pour laquelle certains membres de ces groupes qui existaient au Nigeria ont dû chercher un logement dans le diocèse de Buea, loin de leurs diocèses d'origine où ils étaient bien connus".

Mgr Bibi affirme que même s'il n'y avait pas eu de questions concernant l'aptitude des candidats à être admis dans les ordres sacrés, les supérieurs des associations ont pris sur eux d'annoncer les bans, d'obtenir les résultats et de présenter les candidats aux évêques, ce qui est contraire à la loi de l'Église.

"La loi ne leur donne pas une telle autorité et, par conséquent, les lettres dimissoriales qu'ils ont accordées étaient non seulement invalides mais illégitimes, et par ce fait, selon les prescriptions du canon 1383, ceux qu'ils ont présentés à l'ordination et qui ont été ordonnés sont ipso facto suspendus", dit-il.

Pour la suite, Mgr Bibi affirme que le diocèse camerounais n'a aucune obligation envers les personnes appartenant à ces associations.

Alors qu'il annonce la suppression des six "congrégations" de son siège épiscopal et l'ultimatum du 22 février pour que les membres "quittent le diocèse de Buea", Mgr Bibi ajoute : "Tous ceux qui ont été ordonnés aux ordres sacrés dans ces associations, et qui désirent être incardinés dans le diocèse de Buea, doivent déposer une lettre d'intention à cet effet, au plus tard le mardi 22 mars 2022, à la chancellerie du diocèse de Buea."

Ceux qui souhaitent rejoindre d'autres diocèses "pourraient être recommandés s'ils sont jugés dignes", dit-il encore, et conseille à ceux qui ont été "incorporés par le rite de la profession des conseils évangéliques, au moyen de vœux publics... de se transférer dans tout autre institut ou société canonique de leur choix à l'intérieur ou à l'extérieur du diocèse, conformément à la norme du droit."

"Le diocèse de Buea chérit profondément la mission des personnes consacrées, qui s'engagent dans la chasteté, la pauvreté et l'obéissance, et désire la voir s'épanouir parmi nous", déclare Mgr Bibi dans sa conclusion, et souligne la nécessité d'un "discernement approprié, afin que la présence et l'action des personnes consacrées dans le diocèse soient vraiment des occasions de sanctification du peuple de Dieu."