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Les chefs religieux en Sierra mènent une éducation civique pour éviter le chaos post-électoral

Les membres du Conseil Inter-Religieux de Sierra Leone (IRCSL). Crédit : IRCSL Les membres du Conseil Inter-Religieux de Sierra Leone (IRCSL). Crédit : IRCSL

Les membres du Conseil interreligieux de Sierra Leone (IRCSL) mènent des actions d'éducation des électeurs et de formation des leaders religieux dans ce pays d'Afrique de l'Ouest afin de s'assurer que le pays organise des élections libres, équitables et pacifiques prévues pour juin prochain.

Mgr Edward Tamba Charles, archevêque de l'archidiocèse catholique de Freetown en Sierra Leone, qui est également président de l'IRCSL, a déclaré à ACI Afrique que le Conseil avait déjà terminé l'éducation des électeurs pour l'inscription des nouveaux électeurs, un exercice qui, selon lui, a vu de nouveaux électeurs s'inscrire pour la première fois, et qu'il se préparait maintenant à la sensibilisation avant les élections pour s'assurer que ceux qui voteront soient bien informés de l'exercice.

"Nous avons fait de la sensibilisation pendant l'exercice d'inscription des électeurs. Nous prévoyons également d'éduquer les électeurs, en ciblant particulièrement ceux qui votent pour la première fois, afin de nous assurer qu'ils marquent bien leurs bulletins de vote pour éviter de perdre leurs voix", a déclaré Mgr Tamba Charles lors de l'interview du vendredi 25 novembre.

Il a ajouté : "Invariablement, il y a des perdants mécontents à chaque élection. Par conséquent, nous allons organiser une formation pour les chefs religieux dans tout le pays sur l'atténuation, la prévention et la résolution des conflits."

L'archevêque de Serra Leonian a indiqué que le Conseil interreligieux avait également rencontré les principales parties prenantes aux élections du pays, notamment les partis politiques, auxquels il a été demandé de s'engager à œuvrer pour un scrutin pacifique l'année prochaine.

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Il a toutefois exprimé sa frustration quant au fait que la majorité des partis politiques du pays n'ont pas tenu compte de l'appel à la paix.

Il a déclaré que tous les partis politiques n'avaient pas envoyé leurs représentants à la réunion de juillet convoquée par l'IRCSL et que les principaux partis politiques, en particulier, avaient complètement ignoré l'appel.

"Dans le contexte des élections précédentes, le conseil interreligieux de Sierra Leone a organisé en juillet une réunion avec les représentants des 17 partis politiques enregistrés pour les convaincre de signer un protocole d'accord (MOU) les engageant à éviter le recours à la violence lors des prochaines élections. Après toute notre persuasion, seuls cinq des partis politiques ont signé le protocole d'accord. À ce jour, les autres partis politiques, dont le SLPP (Sierra Leone Peoples' Party) au pouvoir, l'APC (All Peoples' Congress), principal parti d'opposition, et d'autres encore, n'ont pas encore signé le protocole d'accord", a déclaré Mgr Tamba Charles.

Il a ajouté qu'un tel désistement jette une ombre sur la possibilité d'organiser un scrutin pacifique en juin prochain.

Le Conseil interreligieux avait également convoqué une réunion avec la police et les jeunes à la suite de l'émeute du 10 août qui a entraîné la mort de six policiers et de dizaines de civils, un incident qui, selon l'archevêque catholique, a accru la tension politique dans le pays avant les élections.

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"Depuis l'émeute du 10 août, l'IRCSL a organisé une autre réunion avec les représentants des partis politiques, et beaucoup d'entre eux étaient plutôt repentants, mais ils ont blâmé les forces de sécurité pour les nombreux décès", a déclaré Mgr Tamba Charles.

Il a ajouté : "Plus important encore, en tant que chefs religieux, nous ferons ce que nous faisons le mieux, à savoir prier Dieu pour des élections libres, équitables, pacifiques et crédibles."

L'IRCSL a été créé le 1er avril 1997 pour consolider la tolérance religieuse et la coexistence pacifique dont jouissent les communautés religieuses, notamment les chrétiens et les musulmans, en Sierra Leone.

Comme le Conseil a été formé pendant les 11 ans de guerre civile en Sierra Leone, qui s'est terminée en 2002, les premiers membres exécutifs ont pris l'initiative d'aller dans la brousse pour parler aux différentes factions afin de les persuader de collaborer aux divers efforts de la communauté internationale pour organiser des pourparlers de paix.

Les membres du Conseil ont également assisté à tous les pourparlers de paix, y compris le dernier à Lomé, au Togo, qui a débouché sur l'Accord de Lomé en 1999, lequel a finalement conduit à la fin de la guerre.

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En reconnaissance du rôle actif joué par l'IRCSL dans les négociations de paix, le Conseil a été désigné comme garant moral du processus de consolidation de la paix.

En plus de sa tâche initiale de consolidation de la tolérance religieuse et de la coexistence pacifique entre les communautés religieuses de Sierra Leone, le Conseil s'est vu confier d'autres responsabilités, telles que la collaboration avec les agences humanitaires dans l'accompagnement des personnes déplacées à l'intérieur du pays, les exercices de réconciliation dans les communautés touchées par la guerre et d'autres stratégies d'intervention d'après-guerre.

Lors des élections de l'immédiat après-guerre, le Conseil a également assumé davantage de responsabilités, notamment en matière de surveillance des élections et de résolution des conflits.

Le Conseil a également été impliqué dans la sensibilisation aux questions de santé, notamment lors de l'épidémie d'Ebola en Sierra Leone en 2014 et 2015, et de la pandémie de COVID-19, qui a débuté en Sierra Leone en mars 2020.

Le Conseil organise des secours lors d'urgences naturelles comme les coulées de boue, les inondations, les incendies, et des campagnes de sensibilisation aux problèmes sociaux tels que la violence sexiste, les mutilations génitales féminines, le viol et les mariages d'adolescentes.

"Nous avons fait beaucoup de médiation dans les conflits politiques et nous avons l'intention de continuer à le faire à l'avenir", déclare Mgr Tamba Charles qui a commencé son ministère épiscopal en tant qu'archevêque de Sierra Leone et de Bo avant que les deux ne soient séparés.