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Le pape François publie une lettre apostolique sur Blaise Pascal, philosophe du XVIIe siècle

Le pape François prononce son discours de l'Angélus le 18 juin 2023/Portrait de Blaise Pascal. | Vatican Media/Domaine public Le pape François prononce son discours de l'Angélus le 18 juin 2023/Portrait de Blaise Pascal. | Vatican Media/Domaine public

Le pape François a publié lundi une lettre apostolique faisant l'éloge du mathématicien et philosophe du XVIIe siècle Blaise Pascal, "chercheur infatigable de la vérité".

Pascal (1623-1662) était un scientifique français qui a contribué à jeter les bases de la théorie moderne des probabilités, a inventé l'une des premières formes de calculatrice et a défini un principe hydraulique qui est depuis connu en physique sous le nom de "loi de Pascal". Dans les dernières années de sa vie, le mathématicien, physicien et philosophe catholique s'est consacré à l'apologétique chrétienne.

"En tant que chrétien, [Pascal] souhaite parler de Jésus-Christ à ceux qui ont conclu hâtivement qu'il n'y a pas de raison solide de croire aux vérités du christianisme", a écrit le pape François.

"Pour sa part, il sait par expérience que le contenu de la révélation divine non seulement ne s'oppose pas aux exigences de la raison, mais offre la réponse étonnante qu'aucune philosophie ne pourrait jamais atteindre par elle-même."

Le pape a publié la lettre le 19 juin pour marquer le 400e anniversaire de la naissance de Pascal en 1623. Son titre, "Sublimitas Et Miseria Hominis", signifie "Grandeur et misère de l'homme".

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Dans cette lettre de huit pages, le pape décrit Pascal comme un "homme de son temps" qui a "magistralement défendu intellectuellement la foi chrétienne".

"Dès l'enfance, Pascal a consacré sa vie à la recherche de la vérité. Par l'usage de la raison, il a cherché ses traces dans les domaines des mathématiques, de la géométrie, de la physique et de la philosophie, faisant des découvertes remarquables et atteignant une grande renommée même à un âge précoce", a déclaré le pape François.

"Mais il ne s'est pas contenté de ces réalisations. Dans un siècle de grandes avancées dans de nombreux domaines scientifiques, accompagnées d'un esprit croissant de scepticisme philosophique et religieux, Blaise Pascal s'est révélé être un chercheur infatigable de la vérité, un esprit 'inquiet', ouvert à des horizons toujours nouveaux et plus grands."

"L'esprit brillant et curieux de Pascal n'a jamais cessé de réfléchir à la question, ancienne mais toujours nouvelle, qui surgit dans le cœur de l'homme : "Qu'est-ce que l'homme pour que tu te souviennes de lui, le fils de l'homme pour que tu t'occupes de lui ?

La lettre est remplie de citations tirées des "Pensées" de Pascal, son œuvre d'apologétique chrétienne la plus connue, publiée à titre posthume à partir de ses notes et de fragments de manuscrits.

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Le pape souligne que Pascal "ne s'est jamais résigné à ce que certains hommes et certaines femmes non seulement ne connaissent pas Jésus-Christ, mais dédaignent, par paresse ou à cause de leurs passions, de prendre l'Évangile au sérieux".

Pascal a écrit dans ses Pensées : "'L'immortalité de l'âme est une chose si importante pour nous, et qui nous touche si profondément, qu'il faut avoir perdu tout sentiment pour ne pas se soucier d'en connaître l'enjeu... Et c'est pourquoi, parmi ceux qui n'en sont pas convaincus, je distinguerais nettement ceux qui font tous leurs efforts pour l'examiner, et ceux qui passent leur vie sans s'en préoccuper et sans y penser.'"

Le pape François mentionne également l'implication de Pascal dans les disputes entre les Jésuites et les Jansénistes, au cours desquelles Pascal a écrit une série de lettres très critiques à l'égard des Jésuites, connues sous le nom de "Lettres provinciales".

La controverse portait principalement sur la question de la grâce de Dieu et de la relation entre la grâce et la nature humaine, en particulier notre libre arbitre.

Le pape jésuite prend la défense de Pascal, notant tout d'abord que Pascal n'était "pas enclin à prendre parti", mais qu'il a été "chargé par les jansénistes de les défendre, étant donné son talent rhétorique exceptionnel".

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Il précise que Pascal lui-même a reconnu que "plusieurs propositions considérées comme 'jansénistes' étaient en effet contraires à la foi".

"Malgré cela, certaines de ses propres affirmations, comme celles sur la prédestination, tirées de la théologie postérieure d'Augustin et formulées plus sévèrement par Jansen, ne sonnent pas juste", a déclaré François.

Le pape ajoute que "Pascal, pour sa part, croyait sincèrement qu'il luttait contre un pélagianisme ou un semi-pélagianisme implicite" dans les enseignements jésuites de l'époque.

"Reconnaissons à Pascal la candeur et la sincérité de ses intentions", a-t-il déclaré.

Le pape François a évoqué à plusieurs reprises son admiration pour le penseur français. Dans une interview accordée en juillet 2017, le pape jésuite a déclaré qu'il pensait que Pascal "méritait d'être béatifié."

En 2021, le pape a qualifié une petite note manuscrite découverte cousue dans le manteau de Pascal au moment de sa mort de "l'un des textes les plus originaux de l'histoire de la spiritualité".

Cette note, connue sous le nom de "Mémorial" de Pascal, est le fruit d'une expérience mystique vécue par le philosophe dans la nuit du 23 novembre 1654, qui lui a fait verser des larmes de joie.

Parmi les mots inscrits sur la page, Pascal a écrit : "Jésus-Christ. Je l'ai quitté, je l'ai fui, renoncé, crucifié. Que je ne sois jamais séparé de lui. Il n'est gardé en sûreté que par les voies enseignées dans l'Évangile : le renoncement, total et doux."

L'expérience de Pascal lors de cette nuit de 1654 l'a conduit à pratiquer avec plus de ferveur sa foi catholique par l'ascèse et l'écriture d'une apologétique.

Au moment de sa "dernière maladie" et de sa mort en 1662, à l'âge de 39 ans, Pascal aurait dit : "Si les médecins disent la vérité, et que Dieu m'accorde la guérison de cette maladie, je suis résolu à n'avoir d'autre travail ou occupation pour le reste de ma vie que de servir les pauvres".

Le pape François souligne combien "il est émouvant de constater que, dans les derniers jours de sa vie, un aussi grand génie que Blaise Pascal n'a rien vu de plus urgent que la nécessité de consacrer ses énergies aux œuvres de miséricorde."

"Que l'œuvre géniale de Blaise Pascal et l'exemple de sa vie, si profondément immergée en Jésus-Christ, nous aident à persévérer jusqu'au bout sur le chemin de la vérité, de la conversion et de la charité", a-t-il déclaré.