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Ne laissez pas le Kenya " plonger " dans la voie de l'insurrection : Les chefs religieux au président

Les chefs religieux du Kenya lors d'une conférence de presse à Nairobi. Crédit : NCCK Les chefs religieux du Kenya lors d'une conférence de presse à Nairobi. Crédit : NCCK

Les chefs religieux du Kenya ont mis en garde le président William Samoei Ruto contre le risque de voir les citoyens de ce pays d'Afrique de l'Est organiser une révolte violente contre son gouvernement dans un contexte de difficultés économiques.

Dans leur déclaration du vendredi 14 juillet, les chefs religieux, qui comprennent des représentants de la Conférence des évêques catholiques du Kenya (KCCB), du Conseil national des églises du Kenya (NCCK) et du Conseil suprême des musulmans du Kenya (SUPKEM), réagissent à la dernière série de manifestations menées par l'opposition, qui ont entraîné de nombreux décès et la destruction de biens.

"Les souffrances qu'endurent les Kényans les poussent à un désespoir qui peut facilement inspirer l'insurrection. Votre Excellence, ne permettez pas à ce pays de s'engager dans cette voie", affirment les représentants des leaders chrétiens et musulmans du Kenya dans la déclaration lue aux journalistes à l'issue de leur réunion à Ufungamano House, à Nairobi.

Ils appellent le président Ruto à s'attaquer d'urgence à la crise politique, en déclarant : "Nous vous demandons instamment d'inverser la spirale descendante du Kenya vers l'abîme en adoptant des politiques et des stratégies qui donnent de l'espoir aux Kenyans tout en relevant le défi économique à court et à long terme".

"Votre Excellence, la nation que Dieu vous a chargé de diriger n'est pas en bon état. Nous vous demandons d'entendre le cri du peuple kenyan, en vous laissant guider par la sagesse de Dieu contenue dans la Bible", déclarent les principaux chefs religieux du Kenya dans leur déclaration de quatre pages, en citant le Coran, sourate 4:135, et Proverbes 27:23 : "Assurez-vous de connaître l'état de vos troupeaux, accordez une attention toute particulière à votre cheptel".

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Ils déclarent : "En tant que chefs religieux, nous avons écouté les Kényans et nous reconnaissons que notre pays va dans la mauvaise direction. Il est temps pour nous de reprendre notre pays en main. Nous ne devons pas permettre aux intérêts égoïstes des dirigeants politiques de détruire notre patrie et de nous plonger dans la misère.

Pour remédier aux difficultés économiques à court terme, les chefs religieux exhortent le président Ruto à abroger la loi de finances 2023.

"Nous demandons une fois de plus à votre administration d'abroger la loi de finances 2023 afin de revoir la lourde charge fiscale qu'elle impose aux Kenyans. Le maintien des niveaux d'imposition actuels donnera aux citoyens une chance de retrouver leurs moyens de subsistance et leur inspirera de l'espoir pour l'avenir", affirment-ils.

Dans la déclaration signée par le président du KCCB, l'archevêque Martin Kivuva Musonde, le président du NCCK, l'archevêque Timothy Ndambuki, et le président du SUPKEM, Al Hajj Hassan Ole Naado, les chefs religieux exhortent également le président kenyan à "ordonner aux secrétaires de cabinet et aux autres fonctionnaires de promouvoir l'État de droit et de cesser d'utiliser un langage provocateur".

"Le sentiment d'impunité qui prévaut doit être réduit", affirment-ils dans leur déclaration du 14 juillet, dans laquelle ils appellent également le président Ruto à "ouvrir la voie au dialogue et aux consultations comme moyen de répondre aux griefs de longue date et profondément enracinés dans le pays afin de promouvoir la guérison et la réconciliation".

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S'adressant au leader de la coalition Azimio One Kenya, Raila Amolo Odinga, les chefs religieux du Kenya expriment leur inquiétude quant à l'appel à l'action de masse et à la désobéissance civile, au boycott fiscal et à la défiance.

Ils demandent instamment à M. Odinga "de revoir l'approche tactique adoptée par la coalition Azimio la Umoja en reconnaissant que l'appel actuel à l'action de masse pousse le pays à l'insurrection".

"La tension, la violence et l'effusion de sang ne font qu'aggraver la situation du peuple kenyan au lieu de résoudre les problèmes auxquels il est confronté", affirment les chefs religieux en référence aux récentes manifestations qui ont coûté la vie à au moins six personnes et 14 personnes respectivement, sans compter la destruction de biens.

"La destruction d'entreprises et de biens publics et privés fait augmenter le coût de la vie au lieu de le faire baisser", déplorent-ils, et ils exhortent M. Odinga à "adopter le dialogue et les consultations comme stratégie pour répondre aux griefs afin de promouvoir la réconciliation".

Les leaders religieux font écho au message du 11 juillet des leaders chrétiens du Kenya, qui ont qualifié de "faux espoir" l'initiative des 15 millions de signatures visant à forcer le président Ruto à quitter ses fonctions.

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"La menace de recueillir des signatures pour renverser le gouvernement est dangereuse pour le pays et devrait être retirée", affirment les représentants des chefs religieux du Kenya dans leur déclaration du 14 juillet.

S'adressant aux Kenyans, les chefs religieux "présentent leurs condoléances à toutes les familles qui ont perdu leurs proches dans les manifestations qui ont eu lieu dans le pays".

"Nous prions également pour un prompt rétablissement de tous ceux qui ont été blessés et de ceux qui ont perdu leurs moyens de subsistance et leurs biens", disent-ils en référence aux manifestations du 12 juillet, et ajoutent : "Déclarons que le sang des Kényans ne doit plus être versé !

"Puisque nous souffrons tous du coût élevé de la vie, notre meilleure approche est d'adopter la non-violence pour exiger de meilleures lois et politiques", déclarent les chefs religieux du Kenya.

Ils ajoutent : "Résistons tous à l'incitation et à la provocation à la violence et à la destruction qui détruiront ce que nous sommes et ce que notre nation représente".

"Nous concluons en nous inspirant tous de l'appel que nous nous lançons à nous-mêmes dans notre hymne national : Et la gloire du Kenya, le fruit de notre travail, remplit chaque cœur d'action de grâce", déclarent les principaux leaders religieux du Kenya dans leur déclaration collective du 14 juillet.