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Pape François : La "mondanité spirituelle" est l'un des plus grands dangers auxquels sont confrontés les prêtres et l'Église

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La mondanité spirituelle est l'une des tentations les plus dangereuses auxquelles sont confrontés les prêtres et l'Église, car elle "réduit la spiritualité à l'apparence" tout en la déconnectant de l'Évangile, a averti le pape François dans une lettre récemment publiée à l'intention des prêtres de Rome.

La mondanité spirituelle nous conduit à être des "ouvriers de l'esprit", des hommes revêtus de formes sacrées qui continuent en réalité à penser et à agir selon les modes du monde", a écrit le pape.

Le message du pape a été communiqué dans une longue lettre publiée par le Vatican lundi, mais datée du 5 août, jour de la dédicace de la basilique Sainte-Marie-Majeure à Rome. Le pape, évêque de Rome, a écrit cette lettre pour apporter ce qu'il a décrit comme le réconfort d'une "rencontre fraternelle".

Dans ses commentaires sur la mondanité spirituelle, le pape s'est largement inspiré des réflexions du théologien et cardinal du XXe siècle Henri de Lubac, qui a écrit que l'invasion de la mondanité spirituelle dans la vie de l'Église serait "infiniment plus désastreuse que n'importe quelle simple mondanité morale" parce que la mondanité spirituelle "corrompt [l'Église] en sapant son principe même".

Le pape François a écrit que la mondanité spirituelle commence à s'installer dans la vie des prêtres non seulement par des tentations de médiocrité, de pouvoir et d'influence, et de vanité, mais aussi "par l'intransigeance doctrinale et l'esthétisme liturgique", qui ont l'apparence de la religiosité et même de l'amour de l'Église, mais qui recherchent plutôt la gloire humaine et le bien-être personnel.

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"Comment ne pas reconnaître dans tout cela la version actualisée de ce formalisme hypocrite que Jésus a vu chez certaines autorités religieuses de l'époque et qui, au cours de sa vie publique, l'a fait souffrir peut-être plus que toute autre chose ?

Le pape a également profité de l'occasion pour aborder plus en profondeur l'une de ses préoccupations permanentes, le cléricalisme, qu'il a décrit comme une "forme spécifique" de mondanité spirituelle. Le pape François a écrit que le cléricalisme donne faussement l'impression que les prêtres sont "supérieurs, privilégiés, placés 'en haut' et donc séparés du reste du peuple saint de Dieu", ce qui, selon le pape, dénote "une maladie qui nous fait perdre la mémoire du baptême que nous avons reçu".

S'inspirant du prophète Ezéchiel et de saint Augustin, le pape a également déclaré au clergé romain qu'il ne devait pas rechercher en priorité le "lait" des gains matériels ni la "laine" des louanges et de la reconnaissance du monde, qui sapent "l'esprit sacerdotal, le zèle pour le service, [et] le désir ardent de s'occuper du peuple".

Le pape a également critiqué "l'esprit clérical" parmi les laïcs, qui se manifeste par l'élitisme, la possessivité du ministère et le repli sur soi, et qui, selon lui, conduit à la perte de la joie et de la gratuité et à la montée de la critique et de la colère.

L'antidote à la mondanité spirituelle et au cléricalisme, a écrit le pape, est de "regarder Jésus crucifié, de fixer chaque jour nos yeux sur celui qui s'est vidé et s'est humilié pour nous jusqu'à la mort". Regarder les blessures de Jésus, a dit le pape François, aide le clergé à apprendre "que nous sommes appelés à nous offrir nous-mêmes, à nous faire pain rompu pour les affamés, à partager le chemin de ceux qui sont fatigués et opprimés."

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"Il ne s'agit pas de revenir à une bonne observance ou de réformer les cérémonies extérieures, mais de revenir aux sources évangéliques, de découvrir de nouvelles énergies pour surmonter les habitudes, d'introduire un nouvel esprit dans les vieilles institutions ecclésiales", a écrit le pape François.

Enfin, le pape a encouragé les prêtres romains à collaborer avec les laïcs pour initier "des formes et des chemins synodaux" qui aideraient à dépouiller le clergé des sécurités mondaines afin que "la consolation du Seigneur parvienne vraiment à tous."

"Que l'Église de Rome soit un exemple de compassion et d'espérance pour tous, avec ses pasteurs toujours prêts et disponibles pour accorder le pardon de Dieu, comme des canaux de miséricorde qui étanchent la soif de l'homme d'aujourd'hui".