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Après l'assassinat d'étudiants innocents au Cameroun, l'évêque implore l'aide divine et la conversion.

Mother Francisca International Bilingual Academy Fiango, Kumba. Mother Francisca International Bilingual Academy Fiango, Kumba.

Suite à l'attaque d'une école dans le diocèse catholique de Kumba au Cameroun le week-end dernier, qui a fait au moins sept morts et des dizaines de blessés, l'Ordinaire du lieu a prévu de célébrer la Sainte Messe à la Cathédrale le vendredi 30 octobre.

Pendant la célébration eucharistique, Mgr Agapitus Nfon dit dans sa déclaration du 24 octobre que des prières seront offertes "pour le repos des âmes de nos chers et innocents étudiants qui ont été assassinés".

La Sainte Messe sera également offerte pour chercher "la consolation de Dieu sur leurs parents, leurs familles et leurs tuteurs, et pour tous nos élèves et étudiants traumatisés", dit Mgr Nfon dans la déclaration qu'il a partagée avec ACI Afrique.

Des hommes armés ont attaqué Mother Francisca International Bilingual Academy le samedi 24 octobre et ont ouvert le feu sur des étudiants dans une salle de classe. Selon un rapport des médias, six enfants sont morts sur place, tandis que le septième a succombé à ses blessures par balle le dimanche 25 octobre. 

"En tant que père spirituel, je vous invite tous, en particulier les écoliers, les étudiants, les parents et les tuteurs, à vous joindre à moi en la cathédrale Sacré-Cœur de Fiango Kumba, le vendredi 30 octobre 2020 à 15 heures", déclare l'Ordinaire du diocèse de Kumba au Cameroun.

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Il invite également le peuple de Dieu sous sa responsabilité pastorale à demander l'intervention divine pour les agresseurs lors de la célébration eucharistique du 30 octobre.

"Nous prierons également pour le pardon et la conversion du ou des Hérode(s), les auteurs de cet acte odieux et barbare, tout en demandant à notre Père bien-aimé dans les cieux d'intervenir pour qu'une solution durable soit trouvée afin que la vraie justice et la paix puissent régner", dit Mgr Nfon. 

Au lendemain de l'attentat du 24 octobre, le prélat camerounais de 56 ans a déclaré : "Notre seul véritable espoir, c'est Dieu ! Tournons-nous vers lui dans notre désespoir et crions vers lui dans la prière pour qu'il vienne à notre secours". 

"Prions pour que, par la puissance de l'Esprit Saint, il transforme les cœurs de pierre et de méchants d'Hérode(s) (les meurtriers de nos enfants) en cœurs d'amour et de chair", dit l'évêque dans sa déclaration du 24 octobre, partagée avec ACI Afrique.

Les deux régions anglophones du Cameroun, le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, connaissent des violences depuis 2016 après que des enseignants et des juges francophones aient été envoyés travailler dans les régions anglophones, historiquement marginalisée.

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Les écoles des régions anglophones de la nation centrafricaine ont été fermées en raison des violences. 

En septembre, les dirigeants séparatistes du pays ont appelé à la reprise des écoles dans les régions en guerre. Le gouvernement a annoncé la réouverture des établissements d'enseignement pour le 5 octobre. 

Faisant référence à la reprise des écoles, Mgr Nfon s’interroge dans son message du 24 octobre : "Ceux qui les avaient auparavant restreintes pendant quatre ans n'étaient-ils pas autorisés à aller à l'école ? Comment pouvaient-ils alors demander aux enfants d'aller à l'école et se retourner pour les massacrer ?

"Qui donc a pu commettre un acte aussi horrible ? Nous sommes en deuil et nous réfléchissons dans nos cœurs douloureux, cela ne suffit pas", s'interroge l'évêque camerounais.

Il fait également référence à l'attaque de février dans le village de Ngarbuh, dans le diocèse de Kumbo, au nord-ouest du pays, au cours de laquelle 22 personnes, dont des enfants et des femmes enceintes, ont été tuées.

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"Ngarbuh n'était-il pas suffisant ? Quelle quantité du sang de nos enfants doit être versée avant que quelque chose de concret et d'immédiat ne soit fait ? Tous nos enfants vont-ils mourir avant que quelque chose ne soit fait ?" s’interroge t’il.

Il poursuit en se lamentant : "Kumba (région du sud-ouest) revit cette prophétie peu de temps après le massacre odieux d'enfants et de femmes enceintes innocents à Ngarbuh dans le diocèse de Kumbo. ”  

S'adressant au gouvernement et à la communauté internationale, Mgr Nfon pose la question suivante : "Qu'est-ce qui retient les personnes concernées, je veux dire les organismes internationaux et le gouvernement Camerounais, à chercher une solution durable à ce problème qui permettra de rétablir la justice et la paix ?

"Combien de temps les pouvoirs qui sont et seront capables de rétablir la paix et la tranquillité dans les régions en détresse du Nord-Ouest et du Sud-Ouest vont-ils rester assis et attendre ? Combien de temps les autorités concernées vont-elles regarder et observer", poursuit-il.

L'évêque ajoute avec regret : "Nous pleurons et nous réfléchissons douloureusement ; qu'y a-t-il de si important, sinon la paix, qui nous fasse rester assis dans l'indifférence et regarder de tendres et précieuses vies être gaspillées ?

Suite à l'attaque, les membres de la Conférence épiscopale nationale du Cameroun (CENC) ont, dans une déclaration collective, déclaré qu'ils condamnent "avec véhémence" le meurtre "d'écoliers à Kumba". 

Les membres du CENC disent qu'ils ne peuvent pas comprendre "une fin aussi dramatique pour de jeunes adolescents innocents dont le but dans la vie était simplement de grandir et d'étudier afin d'être utile à notre pays".

Exprimant leur solidarité avec le peuple de Dieu à Kumba dans le message collectif du 25 octobre signé par le président du CENC, Mgr Abraham Kome, les évêques du Cameroun invitent "tous les pasteurs à organiser dans leurs diocèses, le 30 octobre 2020, une messe de Requiem pour nos enfants assassinés et à prier pour la consolation des blessés et des familles éprouvées".

Le gouvernement camerounais a promis des enquêtes sur ces meurtres et a également annoncé qu'une délégation interministérielle serait envoyée à Kumba pour réconforter les victimes, les personnes en deuil et leurs familles respectives.