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Mgr Dabiré : Malgré l'insécurité qui règne au Burkina Faso, les chrétiens "vivent leur foi coûte que coûte"

Mgr Laurent Dabire, évêque du diocèse de Dori au Burkina Faso Aide à l'Église en détresse (AED) Mgr Laurent Dabire, évêque du diocèse de Dori au Burkina Faso
Aide à l'Église en détresse (AED)

Un évêque catholique en poste au Burkina Faso a, dans une interview, reconnu la foi, la "persévérance et la résilience" du peuple de Dieu dans cette nation d'Afrique de l'Ouest, au milieu des menaces d'insécurité découlant de la crise du Sahel. 

"Nos fidèles ont un grand esprit de persévérance et de résilience. Ils continuent à vivre leur foi, quel qu'en soit le prix", a déclaré Mgr Laurent Birfuoré Dabiré, évêque du diocèse de Dori, dans un entretien accordé mercredi 24 février par l'organisation Aide à l'Eglise (ACN) International. 

Depuis 2015, date du début de la crise d'insécurité, "pas une seule fois nous n'avons entendu parler de cas de désertion, d'abandon ou d'apostasie", affirme Mgr Dabiré dont le diocèse est situé au nord du Burkina Faso, qui fait partie de la région du Sahel, dans le rapport obtenu par ACI Afrique. 

Selon l'évêque, qui est également président de la Conférence épiscopale du Burkina Faso et du Niger (CEBN), "les fidèles fuient le terrorisme, auquel ils ne peuvent pas résister, mais ils gardent leur foi. Même lorsque les terroristes ont menacé les gens, en essayant de les forcer à se convertir, ils n'ont pas réussi". 

"Le peuple a simplement fui, apportant sa foi avec lui." L'évêque burkinabé ajoute.

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Dans l'interview de Maria Lozano, de l'AED, Mgr Dabiré décrit l'impact de la crise sur le peuple de Dieu dont il a la charge pastorale en disant : "Les paroisses d'Aribinda et de Gorgadji restent complètement coupées et il n'y a aucune activité pastorale là-bas". 

"Dans ces deux zones, les paroisses centrales ont été vidées de leurs chrétiens et les villages qu'elles desservent, où il reste encore quelques chrétiens, sont inaccessibles en raison du danger que représentent les déplacements sur les routes", explique l'évêque de 55 ans.

Il ajoute : "La paroisse de Djibo fonctionne à un niveau minimal, grâce à la présence d'un catéchiste".

Le président du CEBN a ensuite souligné la situation critique des fidèles des paroisses de Dori, Gorom-Gorom et Sebba, qui sont les seules à fonctionner dans le diocèse et où "les activités pastorales sont limitées aux centres paroissiaux" dans un contexte d'insécurité.

Dans ces trois paroisses, "il y a eu un certain refroidissement de la part de certains fidèles qui, par crainte des attentats, ne viennent plus à la messe dominicale", une tendance qui, selon l'évêque, est également perceptible dans d'autres activités pastorales. 

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Face à cette réalité, Mgr Dabiré affirme que les agents pastoraux de son diocèse situé au nord du Burkina Faso développent des stratégies pour "encourager et soutenir les membres les plus faibles de la communauté". 

Pays enclavé de 19,75 millions d'habitants, le Burkina Faso a rejoint en 2016 la liste des pays du Sahel attaqués par des groupes militants armés domiciliés au Mali mais opérant également depuis d'autres pays. 

La région du Sahel, qui s'étend sur 5 400 km et englobe le Sénégal, la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger, le Nigeria, le Tchad, le Soudan et l'Érythrée, est confrontée à une violence généralisée facilitée par les crises politiques dans les pays, qui offrent un terrain fertile pour la prolifération des groupes extrémistes. 

Depuis 2016, trois grands groupes militants islamistes, à savoir Ansarul Islam, le Groupe de soutien à l'Islam et aux musulmans (GSIM) et l'État islamique du Grand Sahara (ISGS), campent dans le nord et l'est du pays, d'où ils lancent des attaques. 

Selon Mgr Dabiré, qui est à la tête de Dori depuis son ordination épiscopale en mai 2013, le territoire de son diocèse "a subi au moins dix incidents d'attentats terroristes, du 10 septembre 2020 jusqu'à aujourd'hui". 

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Néanmoins, selon l'évêque, "ces attaques ont diminué en nombre et font moins de morts. On peut donc dire que la situation sécuritaire s'est améliorée, bien qu'il soit toujours impossible de voyager dans certaines zones, qui restent dangereuses en raison de la présence ou des opérations des groupes terroristes".

Au milieu de la crise, le diocèse continue "à fonctionner et à garantir une présence catholique au Sahel, bien que dans une zone plus réduite et avec difficulté", déclare l'évêque burkinabé dans le rapport d'interview du 24 février de la Fondation pontificale, qui envisage un monde dans lequel le christianisme peut prospérer partout. 

"Nos prêtres organisent quotidiennement les messes, la catéchèse, les sacrements et les réunions pastorales", dit-il et note que les religieuses, à l'exception des membres de deux communautés qui ont été fermées en raison de l'insécurité, continuent à s'occuper d'autres installations du diocèse telles que les écoles, l'orphelinat, les centres de santé et les maisons d'hôtes. 

Les religieuses catholiques aident également à la réalisation d'activités pastorales telles que "la catéchèse, la liturgie, le soutien aux mouvements d'Action catholique et aux groupes et associations spirituelles", déclare l'évêque qui est à la tête de la Conférence épiscopale des deux nations depuis 2019. 

De leur côté, les catéchistes des "paroisses encore en activité" se sont consacrés "à la catéchèse dans les langues locales, à la liturgie et surtout à l'animation des communautés chrétiennes de base auxquelles ils appartiennent", ajoute l'évêque. 

Concernant la situation dans le pays voisin du Niger, qui est également touché par la crise et dont les membres sont membres du CEBN, Mgr Dabiré dit qu'il a "très peu de nouvelles de là-bas" bien que "les attaques aient continué là-bas aussi, souvent avec un nombre élevé de morts". 

Tout comme au Burkina Faso, la combinaison de l'insécurité et de la pandémie COVID-19 a également ralenti les activités pastorales au Niger, une situation qui, selon le président du CEBN, a empêché deux évêques du pays de participer aux assemblées épiscopales depuis février 2020. 

Malgré la crise, "notre espoir ne sera pas déçu", déclare Mgr Dabiré dans le rapport d'interview de l'AED de février, en faisant référence à la Lettre de St Paul aux Romains.