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Les évêques d'Afrique australe « profondément choqués » par le meurtre d'un spectateur lors de manifestations

Logo de la Commission Justice et Paix de la Conférence des évêques catholiques d'Afrique australe (SACBC). Département Justice et Paix/ Facebook Logo de la Commission Justice et Paix de la Conférence des évêques catholiques d'Afrique australe (SACBC).
Département Justice et Paix/ Facebook

Les membres de la Conférence des évêques catholiques d'Afrique australe (SACBC) ont exprimé leur choc suite au meurtre par la police d'un passant au milieu des manifestations d'étudiants dans une université locale la semaine dernière.

Mthokozisi Ntumba, 35 ans, aurait été touché par une balle perdue le 10 mars alors qu'il quittait une clinique dans le cadre des manifestations des étudiants de l'université sud-africaine Wits, située dans l'archidiocèse de Johannesburg, au sujet des frais de scolarité.

Dans une déclaration publiée lundi 15 mars, les dirigeants de la Commission Justice et Paix (JPC) de la SACBC affirment que les membres de la Conférence des trois nations sont "profondément choqués par l'événement tragique et la perte de vies humaines" survenus le 10 mars.

"Jusqu'à ce que le gouvernement trouve la volonté politique d'imposer des changements profonds dans l'éthique du maintien de l'ordre dans notre pays, d'autres décès de ce type sont inévitables", déclarent les membres de la SACBC dans la déclaration signée par le président de la JPC, Mgr Victor Phalana.

Selon les évêques catholiques du Botswana, d'Afrique du Sud et du Swaziland qui constituent la SACBC, "Mthokozisi Ntumba rejoint une longue liste de personnes, de loin la majorité des hommes noirs, tuées ou assassinées par le SAPS (South African Police Service). Depuis Andries Tatane il y a dix ans à Ficksburg et les 34 morts à Marikana en 2012 jusqu'à la fusillade de Petrus Miggels à Uitsig, au Cap, au début du confinement l'année dernière."

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"Les SAPS tuent en moyenne deux fois et demie plus de personnes par habitant que la police américaine, et huit fois plus que leurs homologues canadiens", déclarent les membres du SACBC dans la déclaration partagée avec ACI Afrique le 15 mars.

Se référant à l'Évangile selon saint Jean, les évêques rappellent au ministre sud-africain de la Police, Bhekokwakhe "Bheki" Hamilton Cele, que "chaque perte de vie humaine résultant de la brutalité policière choque notre conscience sociale en tant que nation, car la vie humaine est sacrée et est un don de Dieu tout-puissant. Jésus-Christ est venu pour nous donner cette vie en plénitude".

Dans leur déclaration, les membres de la SACBC rappellent le discours prononcé par le pape Jean Paul II devant l'Assemblée générale des Nations unies en octobre 1979, dans lequel le souverain pontife soulignait : "Tout être humain est doté d'une dignité qui ne doit jamais être amoindrie, altérée ou détruite, mais qui doit au contraire être respectée et sauvegardée, si l'on veut vraiment construire la paix."

Qualifiant la mort de Mthokozisi Ntumba de "signe des problèmes structurels de notre système policier", les évêques demandent au ministre de la police de "prendre les mesures appropriées pour démilitariser la police".

Ils ajoutent, en référence à l'appel à la démilitarisation de la police : "Cela fait maintenant dix ans que le plan de développement national demande que cette question soit abordée et rien n'a été fait jusqu'à présent." 

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"Il devrait cesser de tenir un discours qui encourage la brutalité policière", déclarent les membres de la SACBC au ministre sud-africain de la police, ajoutant : "Au fil des ans, lui et les ministres précédents n'ont cessé de répéter que 'la police doit tirer pour tuer', 'utiliser la force maximale' et 'utiliser la force mortelle'."

Les évêques souhaitent que le ministre "revoie la mauvaise formation reçue par les agents de police de l'ordre public, en particulier son recours excessif à la force lorsqu'il s'agit de manifestants noirs, sans place pour la négociation et de nombreuses autres interventions non violentes".

Le ministre, disent-ils, "devrait veiller à ce qu'il y ait des conséquences, non seulement pour les policiers de rang inférieur, mais aussi pour la structure de commandement chargée de l'opération qui a entraîné la perte de vies humaines. ” 

"La SACBC Justice et Paix exprime à la famille et aux amis de feu Mthokozisi Ntumba sa plus profonde sympathie et souhaite que son âme repose dans la paix éternelle", déclarent les évêques de la Conférence des trois nations dans leur communiqué du 15 mars transmis à ACI Afrique.