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Tchad : Les évêques appellent les parties belligérantes à un dialogue inclusif après le décès d’Idris Déby

Feu Idriss Déby Itno qui a succombé à ses blessures suite à une bataille avec le Front pour le changement et la concorde au Tchad (FACT) le 20 avril 2021. Crédit : Présidence de la République du Tchad Feu Idriss Déby Itno qui a succombé à ses blessures suite à une bataille avec le Front pour le changement et la concorde au Tchad (FACT) le 20 avril 2021. Crédit : Présidence de la République du Tchad

Alors que le Président Tchadien repose en paix, les évêques catholiques de ce pays d'Afrique centrale appellent les parties belligérantes à un "dialogue national inclusif" afin de mettre un terme au violent conflit en cours.

Le président tchadien, Idriss Déby Itno, qui était à la tête du pays depuis 1990, est décédé mardi 20 avril. Selon un rapport de BBC News, le Président Déby a succombé à ses blessures suite à une bataille avec le Front pour le changement et la concorde au Tchad (FACT), un groupe rebelle de l'armée dissidente dans la partie nord du pays.

Un conseil de transition composé d'officiers militaires a désigné le fils de M. Deby, Mahamat Idriss Déby Itno, comme président par intérim. Mahamat, 37 ans, qui a le même âge que son père lorsqu'il a pris le pouvoir par un coup d'État militaire, dirige le Conseil militaire de transition (CMT), une équipe de 15 membres qui devrait superviser la période de transition du Tchad pendant les 18 prochains mois.

Dans leur déclaration collective publiée jeudi 22 avril, les évêques catholiques du Tchad "joignent leur voix à celle de tous les Tchadiens et Tchadiennes pour appeler à un dialogue national inclusif qui doit être un dialogue de réconciliation."

Les membres de la Conférence épiscopale du Tchad (CET) ajoutent : " Ce dialogue national inclusif pour la réconciliation est aujourd'hui une nécessité pour une paix durable dans notre pays.”

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"Il faut créer les conditions pour sa réussite", disent-ils en référence au dialogue inclusif, et ajoutent : "Ce dialogue, mené par une instance politiquement indépendante, crédible et neutre, permettra à tous les fils et filles de notre pays de jeter les bases d'un nouvel ordre politique consensuel fondé sur le respect des individus, le souci du bien commun et la promotion de la justice sociale."

Dans leur déclaration du 22 avril partagée avec ACI Afrique, les membres du CET soulignent la nécessité d'un cessez-le-feu si le dialogue national inclusif doit porter ses fruits. 

"Il est nécessaire que toutes les parties belligérantes déclarent unilatéralement un cessez-le-feu sans conditions et déposent les armes", déclarent les évêques catholiques du Tchad.

Le défunt président Déby aurait été tué alors qu'il rendait visite aux troupes sur la ligne de front. Selon Reuters, il était considéré par les puissances occidentales comme un allié dans la lutte contre les groupes extrémistes islamistes, notamment Boko Haram dans le bassin du lac Tchad et les groupes liés à Al-Qaïda et à l'État islamique dans le Sahel.

Après sa mort, la CMT a annoncé un deuil national de quatorze jours. Le gouvernement et l'Assemblée nationale ont été dissous et un couvre-feu a été imposé dans tout le pays de 18 heures à 5 heures du matin. Les frontières du pays ont également été fermées. 

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Dans leur déclaration collective du 22 avril intitulée "La paix soit avec vous", les évêques catholiques du Tchad disent avoir reçu avec une profonde tristesse la nouvelle de la "mort tragique du Président".

"Les évêques, réunis en session ordinaire de la Conférence épiscopale et en communion avec toute l'Église Famille de Dieu, adressent leurs sincères condoléances au peuple tchadien, à la grande famille Itno et à ses proches", indiquent les responsables de l'Église catholique dans leur message signé par le président de la CET, Mgr Edmond Djitangar Goetbé.

Ils ajoutent : "En cette période de Pâques, notre pays est gravement affecté par la perte de tant de compatriotes, victimes des récents combats, dont notre président fait malheureusement partie. Nous le confions (le président) et toutes les autres victimes des affrontements que nous déplorons à la miséricorde de Dieu."

"Nous partageons les angoisses et les espoirs du peuple tchadien qui est en train d'écrire une page délicate et décisive de son histoire", disent les membres du CET, et ajoutent : "A notre peuple, inquiet du présent et de l'avenir, nous adressons un message de paix du Christ ressuscité : La paix soit avec vous". 

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"Que les cœurs des Tchadiens et des Tchadiennes reçoivent ce message de paix et ne soient pas troublés, car le temps pascal apporte des promesses de renaissance et de victoires : la victoire de la lumière sur les ténèbres, de la paix sur la violence, de la réconciliation sur tous les conflits qui menacent la dignité de la vie humaine et la stabilité de notre pays", disent les évêques.

Ils poursuivent en appelant à une "conversion profonde" dans le contexte des conflits violents qui secouent le pays : "La situation que traverse notre nation en ces temps difficiles nous concerne tous et exige de chaque Tchadien une conversion profonde, un véritable changement de cœur ; porte d'entrée pour parvenir à la réconciliation et à une paix durable."

Faisant référence à l'encyclique du Pape François, Fratelli Tutti, les membres du CET notent : "Ceux qui travaillent pour une coexistence sociale tranquille ne doivent jamais oublier que l'inégalité et le manque de développement humain intégral rendent la paix impossible. En effet, sans égalité des chances, les différentes formes d'agression et de conflit trouveront un terrain fertile pour se développer et finiront par exploser."

Ils poursuivent en se référant au n. 235 de Fratelli Tutti : "Lorsqu'une société - qu'elle soit locale, nationale ou mondiale - est prête à laisser une partie d'elle-même en marge, aucun programme politique ni aucune ressource dépensée en systèmes de maintien de l'ordre ou de surveillance ne peut indéfiniment garantir la tranquillité."

Dans une allocution télévisée le 20 avril, le porte-parole de l'armée, le général Azem Bermandoa Agouna, a déclaré : "Le Conseil national de transition rassure le peuple tchadien que toutes les mesures ont été prises pour garantir la paix, la sécurité et l'ordre républicain."

Faisant référence au message du porte-parole de l'armée, les évêques catholiques du Tchad déclarent : "La transition doit être conduite dans le strict respect de l'ordre constitutionnel."

"L'Eglise Famille de Dieu au Tchad ne manquera pas d'apporter sa contribution au succès de ce dialogue inclusif de réconciliation nationale", affirment encore les membres de la CET dans leur déclaration collective du 22 avril. 

Ils "invitent les fidèles catholiques et tous les croyants à intensifier les prières afin que Dieu insuffle dans le cœur de chaque Tchadien la volonté de dialogue, de réconciliation, de fraternité et de paix."

"Nous pourrons alors mieux résister aux démons de la violence et construire ainsi un Tchad nouveau", affirment les évêques, qui implorent : "Que Notre-Dame de la Paix, patronne du Tchad, intercède avec nous et pour nous."