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Engager des "négociateurs et médiateurs de renom" pour mettre fin à l'instabilité en Eswatini : un évêque catholique

Mgr Victor Hlolo Phalana, évêque du diocèse de Klerksdorp en Afrique du Sud. Mgr Victor Hlolo Phalana, évêque du diocèse de Klerksdorp en Afrique du Sud.

Si le dialogue prévu pour mettre fin à l'instabilité croissante en Eswatini doit aboutir à "un accord acceptable", il est nécessaire que les parties en conflit engagent des "négociateurs et des médiateurs" notables, a déclaré un évêque catholique d'Afrique du Sud.

Dans un message vidéo publié mercredi 27 octobre, Mgr Victor Phalana utilise l'exemple de l'ancien président sud-africain, Frederik Willem de Klerk, qui a facilité la fin de l'apartheid grâce à "un règlement négocié" pour souligner la nécessité de personnalités professionnelles.

"Je pense que le gouvernement d'Eswatini, le roi et les autres parties et intervenants doivent faire appel aux services de négociateurs et de médiateurs renommés pour les aider à faciliter cette discussion afin d'aboutir à un accord acceptable et à un règlement négocié", déclare Mgr Phalana.

Le gouvernement de l'Eswatini a annoncé que roiMswatiIII avait demandé que Sibaya, l'assemblée générale nationale annuelle du pays, soit utilisée pour discuter de la crise politique actuelle dans le seul monarque absolu d'Afrique. 

L'appel du roi faisait suite à sa rencontre avec les délégués de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) le 22 octobre. Le pays, anciennement connu sous le nom de Swaziland, est en proie à des manifestations depuis le mois de juin, les citoyens réclamant un régime démocratique pour remplacer le système de gouvernement monarchique.

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Dans son message vidéo, Mgr Phalana oppose le roi Hérode des Écritures à un ancien président d'Afrique du Sud qui a facilité la fin de l'apartheid et de la ségrégation raciale en déclarant : "J'ai le sentiment que le roi Mswati a un choix à faire ; il doit choisir de suivre l'exemple d'Hérode ou de suivre l'exemple de Frederik Willem de Klerk."

L'évêque sud-africain a appelé le roi Mswati "à considérer l'une des réalisations de Frederik Willem de Klerk qui a été de conduire ce pays (l'Afrique du Sud) à un règlement négocié".

L'engagement de "négociateurs et médiateurs de renom" éviterait aux parties au conflit d'Eswatini de sombrer dans ce que l'évêque qualifie de "sales tours" et de malhonnêteté.

"Nous n'utilisons pas d'artifices, mais nous sommes ouverts et honnêtes les uns envers les autres lorsque nous cherchons un accord qui puisse bénéficier aux habitants d'Emaswati, en particulier aux plus pauvres des pauvres", déclare l'Ordinaire du diocèse de Klerksdorp en Afrique du Sud, qui est également président du département d'action sociale de la Conférence des évêques catholiques d'Afrique australe (SACBC), dans son message vidéo publié le 27 octobre. 

Mgr Phalana a ensuite cité des professionnels qui ont fourni des paramètres de médiation et de négociation des conflits, notamment Roger Fisher et WilliamUrry. 

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Les négociations doivent se concentrer sur les intérêts et non sur les positions, affirme l'évêque sud-africain, ajoutant que toutes les parties en conflit doivent "partager des intérêts ou des besoins fondamentaux tels que le besoin de sécurité et de bien-être économique". ”

Dans les négociations, dit-il encore, "les discussions doivent porter sur les solutions souhaitées plutôt que de se concentrer sur les événements passés."

"Les parties doivent se concentrer clairement sur leurs intérêts, mais rester ouvertes à différentes propositions et à différentes positions et c'est ce sur quoi je pense que les équipes de négociation doivent vraiment se concentrer", conseille l'évêque, et ajoute : "Lorsque les intérêts des parties diffèrent, elles doivent rechercher des options dans lesquelles ces différences peuvent être rendues compatibles ou même complémentaires."

Il plaide pour des "critères objectifs" dans la conduite des négociations, expliquant que si les négociateurs doivent être "raisonnables", ils "ne doivent pas céder aux pressions, aux menaces ou aux pots-de-vin".

"Lorsque l'autre partie refuse obstinément d'être raisonnable, la première partie doit faire passer la discussion d'une recherche de critères de fond à une recherche de critères de procédure et c'est là qu'intervient le besoin de médiateurs", explique encore Mgr Phalana en référence aux "critères objectifs" dans la conduite des négociations. 

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Il préconise également une attitude qui incite les négociateurs à travailler à des solutions qui profiteront aux parties participantes et "un climat qui incite les deux parties à réaliser qu'elles ont plus de chances d'atteindre leurs objectifs si elles travaillent ensemble que si elles s'affrontent. ”

Mgr Phalana a en outre conseillé "un ensemble de stratégies qui facilitent le processus d'obtention d'un avantage mutuel afin d'aboutir à une situation gagnant-gagnant, mais aussi de dire la vérité et de défendre les principes démocratiques".

L'instabilité politique en Eswatini a entraîné l'arrivée de réfugiés, "la plupart des réfugiés venant en Afrique du Sud, certains allant au Mozambique", précise l'évêque catholique. 

Dans un message adressé lors de leur visite de solidarité à Eswatini au début du mois, les représentants de la délégation de la SACBC ont souligné la nécessité pour le peuple de Dieu du seul monarque absolu d'Afrique de comprendre la gravité de l'instabilité de leur nation et de faire des efforts conscients pour construire "une société pacifique et juste".

S'adressant au Premier ministre de l'Eswatini, Cleopas Dlamini, le chef de la délégation de la SACBC, Mgr Sithembele Sipuka, aurait déclaré : "Le but de notre visite de solidarité, Votre Excellence, est d'appeler tout le monde, leurs majestés, les trois branches du gouvernement, les groupes civiques et chaque individu, à être convaincu de la gravité des défis actuels et à faire des efforts inspirés par la solidarité et l'amour qui aideront à construire une société juste et pacifique."

Lors de la rencontre du 8 octobre avec le premier ministre, Mgr Sipuka, qui est président de la SACBC, a ajouté que les efforts en faveur d'un Eswatini pacifique "sont ce que nous considérons comme exigé par le moment présent et surtout par la dignité même de la personne humaine, image indestructible du Dieu Créateur, qui est identique en chacun de nous".