Advertisement

Le sommet UA-UE est l'occasion de trouver des solutions aux problèmes de l'Afrique : Selon un archevêque au Ghana

Le sixième sommet UA-UE à Bruxelles à Bruxelles, en Belgique. Le sixième sommet UA-UE à Bruxelles à Bruxelles, en Belgique.

Un archevêque catholique du Ghana a mis en lumière certains des problèmes de l'Afrique, notamment la pénurie de vaccins COVID-19, l'escalade de la dette et l'indice de pauvreté élevé, et a déclaré que le sommet UA-UE en cours était l'occasion de relever ces défis.

Selon Mgr Charles Gabriel Palmer-Buckle, archevêque de l'archidiocèse de Cape Coast au Ghana, le COVID-19 a aggravé les problèmes de l'Afrique, déplaçant ainsi l'attention du changement climatique vers l'endiguement de la pandémie.

"Ce sommet UA-UE est une occasion unique de réaffirmer la nécessité de trouver des solutions multilatérales aux problèmes de l'Afrique. L'Afrique ne peut pas affronter seule le poids de cette tempête", déclare Mgr Palmer-Buckle dans un rapport publié jeudi 17 février.

Son message intervient après que les dirigeants d'une alliance internationale d'agences de développement catholiques d'Europe et d'Amérique du Nord ont reproché au partenariat entre l'Union européenne (UE) et l'Union africaine (UA) d'ignorer les besoins exprimés par les populations africaines.

Dans leur communiqué de presse du 11 février partagé avec ACI Afrique, les responsables de la Coopération internationale pour la solidarité du développement (CIDSE), l'organisation qui chapeaute les agences de développement catholiques en Europe et en Amérique du Nord, ont déclaré que le fait de ne pas impliquer les sociétés civiles dans les négociations du partenariat est une ignorance de la voix des peuples africains.

Advertisement

"Malgré quelques petites tentatives, l'Union européenne n'a pas réussi à inclure les organisations proches de la voix du peuple", a déclaré la direction de la CIDSE, avant d'ajouter : "En n'impliquant pas la société civile dans le processus, l'UE et l'UA construisent un partenariat qui ignore les besoins exprimés par le peuple africain."

Dans le rapport du 17 février, l'Ordinaire de l'archidiocèse de Cape Coast, qui est également vice-président de la Conférence des évêques catholiques du Ghana (GCBC), déclare que les gouvernements africains étaient déjà soumis à des pressions fiscales extrêmes avant la pandémie.

Il ajoute que ces pressions, qui ont été aggravées par les effets de la pandémie et des lockdowns, ont contraint les gouvernements à choisir entre le règlement de leurs dettes et la fourniture de services sociaux et de santé à leurs populations respectives.

"Alors que les gouvernements du Nord ont pu injecter des milliers de milliards de dollars dans leurs économies pour surmonter les chocs, l'Afrique n'a pas eu cette option", explique l'archevêque ghanéen de 71 ans.

Il explique : "Les gouvernements africains ont été contraints d'emprunter encore plus pour financer les mesures d'urgence nécessaires, exacerbant une crise de la dette souveraine qui était déjà au point de basculement au début de 2020."

Plus en Afrique

L'archevêque ghanéen fait référence à une recherche du Programme alimentaire mondial (OMS) sur l'effet du COVID-19 et explique que la pandémie a grandement affecté la sécurité alimentaire en Afrique d'une manière qui ne peut être imaginée en Europe.

"L'OMS estime qu'ici, rien qu'en Afrique de l'Ouest, plus de 25 millions de personnes sont désormais incapables de satisfaire leurs besoins alimentaires de base, soit une augmentation de 34 % par rapport à 2020", indique Mgr Palmer-Buckle.

Il ajoute : "Les progrès accomplis dans la réalisation des objectifs de développement durable ont été largement inversés, et au moins 40 millions de personnes supplémentaires en Afrique ont basculé dans l'extrême pauvreté depuis le début de la crise."

Il compare les priorités politiques entre l'Afrique et l'Europe et déclare : "L'Afrique et l'Europe ont deux séries de priorités politiques complètement différentes lorsqu'elles envisagent le monde post-pandémie. Pour l'Europe, il s'agit de 'reconstruire en mieux', tandis que pour l'Afrique, il s'agit de plus en plus d'une question de vie ou de mort pour s'assurer que des milliers d'autres personnes ne meurent pas."

Mgr Palmer-Buckle souligne la situation actuelle du COVID -19 en Europe et en Afrique en ce qui concerne l'administration du vaccin et indique que, tandis que la pandémie en Afrique est toujours endémique, l'Europe est en train d'administrer de multiples rappels à ses citoyens.

Advertisement

L'archevêque catholique, qui est le promoteur épiscopal du programme d'action Laudato Sí de la CMBC, qui cherche à répondre aux crises locales et mondiales à travers le prisme d'un appel à l'action du pape François, affirme que, puisque tout est interconnecté, il est nécessaire de prendre en compte les problèmes de l'Afrique aujourd'hui.

Il fait référence à la lettre encyclique du Pape François, Fratelli Tutti sur la fraternité et l'amitié sociale et explique la nécessité d'exprimer l'amour et l'organisation de la société structurée en vue d'éradiquer la pauvreté par le multilatéralisme.

Mgr Palmer-Buckle propose un réacheminement des droits de tirage spéciaux (DTS) des pays européens vers les pays africains comme moyen de faire face à la crise fiscale immédiate que connaissent les pays africains, surtout après le COVID-19.

"Il existe déjà plusieurs moyens concrets par lesquels la réaffirmation des approches multilatérales de la relance de l'Afrique peut prendre forme", dit-il, et il ajoute : "L'un d'entre eux est que les pays européens intensifient leur ambition de réacheminer leurs DTS vers les pays africains afin de faire face à la crise budgétaire immédiate."

Il note également qu'en août de l'année dernière, le Fonds monétaire international (FMI) a fait une énorme allocation d'argent, équivalente à 650 milliards de dollars, aux pays européens développés les plus riches, une allocation qui, selon lui, aurait été bénéfique pour les pays africains car les pays développés n'avaient pas autant besoin de cet argent que l'Afrique.

"En août 2021, le FMI a procédé à une allocation générale de DTS aux États membres équivalant à 650 milliards de dollars. Cependant, l'écrasante majorité de cette allocation est allée dans les coffres des pays développés les plus riches qui n'en ont pas autant besoin que l'Afrique", indique Mgr Palmer-Buckle dans le rapport du 17 février, et ajoute : "Le G-20 a demandé que 100 milliards de dollars de DTS soient réacheminés vers les pays à revenu faible et intermédiaire. Seuls 45 milliards de dollars ont été promis à ce jour."

Il appelle les dirigeants de l'UA et de l'UE à faire preuve d'audace et à contraindre le FMI à allouer davantage de fonds, ainsi qu'à discuter de la proposition de Resilience and Sustainability Trust, un fonds fiduciaire de 50 milliards de dollars, en vue d'utiliser les DTS pour aider les pays à revenu faible et intermédiaire à faire face aux problèmes futurs, notamment au changement climatique.

"Les dirigeants de l'Union africaine et de l'Union européenne devraient faire preuve d'assez d'audace pour placer en tête de leur ordre du jour non seulement le réacheminement de l'allocation d'août 2021, mais aussi pour faire pression sur le FMI afin qu'il procède à une allocation supplémentaire", déclare Mgr Palmer-Buckle.

Il ajoute : "Il convient également d'encourager la discussion sur le Fonds fiduciaire pour la résilience et la durabilité proposé comme moyen d'utiliser les DTS pour aider les pays à revenu faible et intermédiaire à faire face aux chocs futurs, y compris ceux provoqués par le changement climatique."

Le sommet UE-UA en cours, qui a débuté le 17 février et qui doit se terminer le 18 février, débat du financement de la croissance, des systèmes de santé et de la production de vaccins, de l'agriculture et du développement durable, de l'éducation, de la culture et de la formation professionnelle, de la migration et de la mobilité, ainsi que du soutien au secteur privé et de l'intégration économique.

Le sommet de deux jours, qui se tient à Bruxelles, porte également sur la paix, la sécurité et la gouvernance, le changement climatique et la transition énergétique, le numérique et les transports.

Les chefs d'État ou de gouvernement de l'UE et de l'UA chargés d'adopter une déclaration commune sur une vision commune à l'horizon 2030 participent aux tables rondes, ainsi qu'un groupe restreint d'invités extérieurs experts dans leurs domaines respectifs.