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Les évêques en RDC invitent le chef de l’état à privilégier une solution politique qui "respecte le peuple congolais"

Les membres de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) avec le président Félix Tshisekedi lors d'une audience le lundi 9 novembre 2020. Site de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO). Les membres de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) avec le président Félix Tshisekedi lors d'une audience le lundi 9 novembre 2020.
Site de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO).

Les évêques catholiques de la République démocratique du Congo (RDC) ont, dans un mémorandum collectif, appelé le président de la nation centrafricaine à donner la priorité aux politiques qui contribuent au bien-être des Congolais.  

Lors d'une audience avec le président Félix Tshisekedi, lundi 9 novembre, les membres de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) ont présenté le mémorandum qui expose les propositions visant à aider les acteurs de la coalition au pouvoir à résoudre les différends actuels et à se concentrer sur tout ce qui favorise le bien-être du peuple de Dieu en RDC.

"En ce qui concerne la situation politique dans notre pays, une chose nous semble certaine. Il faut une solution politique qui respecte le peuple congolais. Avec la dynamique actuelle de la coalition, nous ne pouvons pas espérer la reconstruction du pays", déclarent les membres de la CENCO dans leur document collectif du 9 novembre.

Ils invitent le chef de l'Etat à "évaluer sérieusement le contenu de l'accord qui régit la coalition et son fonctionnement pour voir s'il y a une possibilité de révolution interne".

"Sinon, en tant que garant de la Nation, il vous appartient d'assumer vos responsabilités et de prendre, en âme et conscience, devant Dieu et la Nation, la décision appropriée en vertu de l'article 69 de la Constitution", disent les évêques catholiques de RDC dans le mémorandum partagé avec ACI Afrique.

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Dans le document de 4 pages présenté au président Tshisekedi, les membres de la CENCO ajoutent : "Il est important de se rappeler qu'il existe des valeurs que chaque personne humaine, chaque institution, quels que soient les motifs qui sous-tendent leur comportement, ne doit pas violer. Au service du bien-être du peuple, la vérité, la justice et la paix font partie de ces valeurs fondamentales et essentielles. ”

Le président Felix Tshisekedi a pris ses fonctions en janvier 2019 après avoir remporté une élection qui, selon les observateurs, a été entachée d'irrégularités et les opposants dénoncés comme truqués.

Sept mois après son investiture, le président congolais a formé un gouvernement de coalition qui comprenait une majorité de membres de l'ancien régime de l'ancien président Joseph Kabila.

Le gouvernement de coalition a mis un frein aux ambitions déclarées de Tshisekedi de réformer un pays marqué par la corruption et les violations des droits de l'homme, a rapporté l'East African.

Dans leur mémorandum du 9 novembre signé par le président de la CENCO, Mgr Marcel Utembi, les évêques font référence au discours du président Tshisekedi lorsqu'il a "reconnu" l'échec de la coalition au pouvoir.

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" Les Evêques membres de la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO) ont suivi avec beaucoup d'intérêt votre dernière adresse à la Nation, le vendredi 23 octobre 2020, par laquelle vous reconnaissez que, deux ans après votre accession à la magistrature suprême, les divergences persistantes au sein de la coalition au pouvoir, portant sur des questions essentielles de la vie de la Nation, ne vous ont pas permis d'accomplir la tâche que le peuple vous a confiée", affirment les évêques catholiques de RDC dans leur mémorandum collectif.

Ils ajoutent : "Nous sommes heureux de constater que les idées fortes de ce discours du 23 octobre dernier rejoignent les préoccupations plusieurs fois exprimées par les Evêques membres de la CENCO dans leurs messages".

Le 4 novembre, le président Tshisekedi a entamé des consultations avec les acteurs politiques et autres sur la manière de sortir de l'impasse politique qui a vu le fonctionnement des institutions de l'État interrompu en raison de désaccords entre les membres de la coalition au pouvoir.

Dans leur mémorandum du 9 novembre, les évêques de la RD Congo expriment leur reconnaissance au chef de l'Etat "pour nous avoir associés aux consultations que vous avez engagées sur la gouvernance de notre pays en ce moment délicat de son histoire".

" Vous avez pris l'option de refonder l'action gouvernementale autour des principes de participation à la gestion du pays en annonçant la création d'une Union Sacrée de la Nation. Vous avez ainsi initié les consultations en cours pour recueillir les opinions de différentes couches sociales", ajoutent les membres de la CENCO dans leur mémorandum au Président.

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Réfléchissant sur ce qui est attendu des consultations, les évêques rappellent au Président les principes qui "doivent être préservés à tout prix et être pris en compte dans la recherche d'une solution politique appropriée".

"La priorité doit être donnée au bien-être de la population, avant toute autre considération politique. Aucun règlement politique ne peut être au-dessus de l'exigence que le pouvoir politique fasse de son mieux pour assurer le bien-être de la population", soulignent les évêques dans le document.

Ils ajoutent que "le respect de la Constitution, la garantie de la sécurité nationale, la stabilité de l'État et de ses institutions, la paix sociale, l'État de droit et la démocratie" sont d'autres principes nécessaires pour sortir de l'impasse politique dans laquelle se trouve la nation centrafricaine.

"En ce qui concerne les réformes qui devraient consolider le système électoral de notre pays, nous insistons surtout sur la dépolitisation et le renforcement de l'indépendance des membres de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) et recommandons de véritables réformes consensuelles de la loi électorale", affirment les évêques de la RDC.

Dans le mémorandum en 11 points, les membres de la CENCO rappellent au président Tshisekedi que "la population attend de ces consultations des résultats qui donnent des indications claires sur un nouveau système de gouvernance qui la placerait au centre des préoccupations des acteurs politiques". 

"Votre crédibilité est en jeu", disent-ils et poursuivent, "La solution de l'Union Sacrée de la Nation que vous entrevoyez n'en sera une que si ses composantes s'accordent avant toute autre considération à servir la population qui se sent aujourd'hui abandonnée".

Ils appellent le président congolais à "rester ferme dans sa foi en Dieu, à rester ouvert aux hommes et aux femmes de bonne volonté qui peuvent contribuer à une nouvelle dynamique de bonne gouvernance".

"Soyez rassurés par nos prières. La CENCO n'hésitera pas à contribuer à toute initiative que vous prendrez et qui aura pour but le bien-être du peuple congolais confié à sa pastorale", concluent les membres de la CENCO dans leur mémorandum.