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Les chefs religieux de la RD Congo ne sont pas encore parvenus à un "consensus" sur le chef de la Commission électorale

Les chefs religieux de la République démocratique du Congo (RDC) ne sont pas encore parvenus à un consensus sur la personne qui doit diriger la Commission électorale nationale indépendante (CENI) du pays, a déclaré un évêque catholique.

Le 2 octobre, le président de l'Assemblée nationale de la RDC a donné 72heures auxmembresdu Forum des confessions religieuses pour parvenir à un accord sur le choix du président de la CENI. 

"Je lance un appel aux huit confessions religieuses pour qu'elles parviennent cette fois-ci à un accord sur la désignation du président de la CENI et d'un membre plénier", a déclaré Christophe Mboso dans une lettre adressée aux chefs religieux.

Dans une lettre adressée au président de l'Assemblée nationale, le vice-président de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO), Mgr José Moko Ekanga, déclare que les leaders religieux "ont été confrontés à un conflit d'interprétations de votre correspondance, ce qui n'a permis aucune avancée."

"Nous ne sommes donc pas parvenus à un consensus malgré notre demande aux six autres dénominations de nous présenter d'autres candidats. Nous n'avons pas non plus voté", déclare l'évêque Moko dans la lettre du 5 octobre partagée avec ACI Afrique.

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L'évêque catholique congolais poursuit : "Nous avons proposé de revenir le lundi 4/10/2021 dans l'espoir d'évoluer mais le groupe des six nous a dit que ce n'est pas utile, alors autant attendre la position que prendra la plénière de l'Assemblée nationale." 

"C'est dans cet esprit que nous nous sommes séparés. Un rapport complet du présidium sur le processus de nomination des facilitateurs de la CENI par le Forum des confessions religieuses vous parviendra sous peu", ajoute l'Ordinaire local du diocèse d'Idiofa en RDC.

Les leaders religieux de la RD Congo sont restés divisés sur le choix du président de la CENI, une prérogative qui leur est accordée par la constitution du pays.

La CENI est composée de 13 membres. La société civile est représentée par trois délégués issus des confessions religieuses, des organisations de défense des droits des femmes et des organisations d'éducation civique et électorale.

En juin, les chefs religieux de la RDC n'ont pas réussi à annoncer le nom du chef de la commission électorale après plusieurs jours de concertations.

Plus en Afrique

Les dirigeants des principales confessions religieuses du pays, dont l'Église catholique et l'Église du Christ au Congo (ECC), ont rejeté le choix de Denis Kadima, un expert électoral reconnu, proposé par six autres confessions pour la nouvelle tête de la CENI.

Pour les membres de la CENCO et de l'ECC, Kadima est trop proche du président Tshisekedi.

S'adressant aux journalistes lors d'une conférence de presse lundi 4 octobre, le porte-parole du Forum des confessions religieuses de la RDC, le père Donatien Nshole, a déclaré que certains chefs religieux ont cédé aux "pressions politiques".

"La candidature de Kadima s'est accompagnée de menaces et d'intimidations. C'est une preuve palpable. Vous vous souviendrez que nous avons tous signé une déclaration commune le 23 juillet, dénonçant les menaces contre le travail que nous faisions et qui étaient dirigées contre Kadima", a déclaré le père Nshole aux journalistes à Kinshasa.

Curieusement, le prêtre catholique a ajouté que "les personnes qui étaient menacées, qui ne pouvaient même pas passer la nuit chez elles, ont changé d'avis du jour au lendemain, c'est-àdire qu'elles ont cédé à la pression."

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Le père Nshole a ajouté qu'il existe des preuves bien établies de la façon dont Kadima a soudoyé certains chefs religieux pour qu'il soit déclaré président de la CENI.

Il a déclaré que des chefs religieux se sont vu offrir 100 000 dollars et des voitures de luxe pour changer de position.

"L'Église catholique ne s'oppose pas aux capacités techniques de Kadima, mais en plus des critères techniques, il y a des critères éthiques établis dont les religieux doivent tenir compte", a expliqué le prêtre catholique.

Dans sa lettre du 5 octobre adressée au président de l'Assemblée nationale, l'évêque Moko déclare : "Les six autres confessions religieuses affirment qu'il existe un travail qu'elles ont déjà effectué et dont le rapport a été reçu au bureau de l'Assemblée nationale."

"Pour eux, les 72 heures que vous avez données sont simplement l'occasion de renforcer la cohésion en obtenant du Forum des confessions religieuses la reconnaissance de ces procèsverbaux", ajoute-t-il.

L'évêque congolais de 63 ans ajoute : " Une proposition de nouveau texte du rapport a été soumise par les six dans cette perspective. Cette proposition n'a pas rencontré l'approbation du Forum car elle était basée sur une mauvaise interprétation de votre lettre et n'entrait pas dans l'esprit de la convocation de notre plénière, qui était de repartir sur de nouvelles bases et de trouver un consensus autour d'un candidat approprié."

"De plus, elle a été établie dans des conditions qui ne sont pas conformes aux statuts de la CENI, notamment les articles 10 et 12, ainsi qu'à notre Charte, notamment les articles 8, 16, 17 et 18", indique Mgr Moko dans la lettre du 5 octobre.

Il poursuit : "Nous constatons que les six autres confessions religieuses ont fondé leur prétendue majorité sur une interprétation erronée de l'article 17 de notre Charte et qu'elles ont totalement ignoré l'article 10 des statuts relatifs à l'organisation et au fonctionnement de la CENI."

L'évêque Moko appelle le président de l'Assemblée nationale à rejeter toute tentative d'influencer le processus menant à la désignation du président de la CENI.

"Nous prions pour que l'Esprit Saint vous accompagne dans vos efforts pour éviter une crise de trop qui ne profitera à personne", implore Mgr Moko dans la lettre du 5 octobre.