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Les évêques du Burkina Faso condamnent l'attaque contre les militaires et appellent à un "dialogue véritable et constructif"

Membres de la Conférence épiscopale du Burkina-Niger (CEBN). Crédit : P. Paul Dah Membres de la Conférence épiscopale du Burkina-Niger (CEBN). Crédit : P. Paul Dah

Les évêques catholiques du Burkina Faso ont, dans une déclaration collective, condamné la récente attaque du camp de la police militaire d'Inata.

Dans leur déclaration du 20 novembre, les membres de la Conférence épiscopale du Burkina-Niger (CEBN) font référence à l'attaque du 14 novembre et appellent à une conversation productive pour mettre fin à l'insécurité dans la nation ouest-africaine.

Au moins 53 personnes, dont 49 policiers militaires et quatre civils, ont été tuées dans l'attaque terroriste contre le détachement de la gendarmerie d'Inata, dans la province de Soum, dans la région du Sahel, rapporte VOA News.

Dans leur déclaration collective, les membres du CEBN disent avoir suivi avec "une grande inquiétude la forte et soudaine détérioration de la situation sécuritaire dans notre pays depuis un certain temps".

"Ce constat nous impose de promouvoir un dialogue véritable et constructif, car sans dialogue, nous ne pouvons résoudre aucun problème, encore moins la délicate question de la crise sécuritaire et de ses conséquences", disent-ils dans leur déclaration du 20 novembre signée par le président du CEBN, Mgr Laurent Birfuoré Dabiré. 

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Ils ajoutent que la nation ouest-africaine ne pourra se sortir de la situation difficile dans laquelle elle se trouve qu'en conjuguant ses efforts. 

Les évêques catholiques recommandent que le dialogue proposé se tienne entre la population civile, les organisations de la société civile, les partis politiques, les autorités militaires, coutumières et religieuses et également entre le gouvernement et la population. 

"A travers ces différents organes et niveaux, une recherche sincère et commune du bien de notre pays ne peut que nous aider à poser les diagnostics pertinents qui nous permettront de jeter les bases d'une approche efficace capable de conjurer le malheur qui a frappé notre pays", disent-ils. 

L'attaque du 14 novembre serait la plus meurtrière pour les forces de sécurité de ce pays d'Afrique de l'Ouest depuis le début de la bataille entre le gouvernement et les groupes armés liés à l'État islamique, à Al-Qaïda et aux bandits locaux, en 2017.

Le président Roch Marc Christian Kaboré a décrété trois jours de deuil national pour les victimes de l'attentat. 

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Le président Kaboré a par ailleurs déploré "des dysfonctionnements à un niveau important au sein de l'armée, mentionnant notamment des problèmes d'approvisionnement en nourriture."

"C'est inacceptable et c'est pourquoi je comprends très bien les différentes réactions de colère qui s'expriment", a déclaré le président Kaboré.

Dans leur déclaration collective, les évêques catholiques du Burkina Faso "condamnent fermement" l'attaque qui a déclenché des manifestations dans toute la nation ouest-africaine. 

Le 16 novembre, des centaines de Burkinabés sont descendus dans les rues de plusieurs villes du pays, exigeant la démission de l'exécutif pour ce qu'ils ont décrit comme "l'incapacité à mettre fin aux attaques terroristes". 

Les évêques catholiques affirment que les manifestations "expriment la frustration et l'incompréhension de la population face à ce qui apparaît clairement comme l'impuissance de l'État à garantir le droit fondamental de protéger la vie humaine et l'intégrité de notre territoire."

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Ils décrivent également les protestations comme "compréhensibles parce qu'elles reflètent un refus de regarder passivement notre pays se désintégrer et les meurtres à grande échelle devenir monnaie courante".

Les dirigeants de l'Église catholique invitent toutefois les Burkinabés à agir avec "prudence, discernement et modération" pendant le piquetage. 

Ils exhortent en outre le gouvernement à communiquer "avec courage et transparence" sur la situation sécuritaire du pays "afin de créer l'unité souhaitée par tous." 

"La qualité de la communication du gouvernement contribuera à apaiser les cœurs et les esprits, et permettra de mieux comprendre la complexité de la situation, qui nécessite effectivement cette union sacrée", affirment les membres du CEBN dans leur déclaration du 20 novembre.

"C'est pourquoi nous voulons vous inviter à sauvegarder l'essentiel et à privilégier l'intérêt supérieur de la nation, malgré l'indignation légitime que l'on peut ressentir", disent-ils.

Tout en présentant leurs condoléances à tous les Burkinabés qui ont perdu leurs proches dans l'attaque du 14 novembre, les membres du CEBN prient pour le repos éternel des soldats morts sur le champ de bataille. 

"Qu'il les accueille dans sa paix et, à travers la proximité de toute la Nation, console les veuves et les orphelins, accorde un prompt rétablissement aux blessés et ramène à la maison ceux qui sont déplacés", disent-ils. 

Les évêques catholiques appellent également les citoyens de la nation ouest-africaine "à ne pas perdre l'espoir car il existe toujours un bien commun qui nous rassemble (qui est notre raison de vivre) et pour lequel nous ne devons pas cesser de nous battre."

"Nous devons donc garder espoir car notre histoire commune nous enseigne que dans les situations critiques dans lesquelles notre pays a trébuché, nos prédécesseurs ont toujours su puiser la force de notre héritage commun pour s'unir afin de le construire et de relever les défis de leur temps", ajoutent les évêques catholiques.

S'adressant aux chrétiens du Burkina Faso, les membres du CEBN déclarent qu'il est nécessaire "d'intensifier leurs prières pour implorer l'aide de Dieu pour notre nation".

"Que chacun prie selon sa sensibilité spirituelle pour obtenir de Dieu la fin du fléau du terrorisme", disent-ils, et invitent les fidèles catholiques à "participer plus fréquemment à l'Eucharistie, surtout les dimanches et les jours de fête."

Les évêques catholiques recommandent que "le Notre Père - Ave Maria - la prière à Saint Joseph ou la prière pour le Burkina Faso et le Gloria soient dits à la fin de la Sainte Messe pour la paix au Burkina Faso".

Les membres du CEBN recommandent également "l'adoration eucharistique et le Rosaire ainsi que les neuvaines".

"Que la Sainte Vierge Marie, Reine de la Paix, et Saint Joseph, Protecteur de l'Église universelle, accompagnent de leur puissante intercession notre pays dans sa quête de réconciliation, de justice et de paix véritable et durable", implorent-ils.